- Le silence, c'est quelque chose que je vis pendant la prière lors de grands rassemblements comme par exemple à Taizé. J'aime me retrouver seule au milieu d'une foule de 2 000 personnes dans le silence total et expérimenter ce moment unique qu'est la communion... ce moment où je me tourne vers Le Seigneur en me sentant profondément reliée avec celui qui est tout contre moi.
- Le silence est, pour moi, un moment privilégié pour un tête à tête avec la beauté de la création : se laisser baigner de l'immensité de celle-ci ; se rendre compte de notre petitesse, s’émerveiller, contempler, fortifier nos sens et se libérer de toutes préoccupations, de toutes angoisses. Un tête à tête avec Dieu qui permet de retrouver la paix intérieure, de s'élever spirituellement et se sentir près de Marie, près de Dieu, prier. Ainsi, sereine, remplie de paix et d'amour, être davantage à même de mieux vivre et de mieux transmettre, autour de moi, la paix et l'amour de Dieu.
- J'aime beaucoup le silence. Quand je ne suis pas bien, j'aime avoir le silence pour avoir un face à face avec le Seigneur, pouvoir sentir sa présence et éventuellement l'entendre. Se créer un mur autour de soi afin de pouvoir renouveler son esprit.
- Le silence est réparateur. Le silence dans la nature est profitable mais quand on dit que la nature est silencieuse, on fait référence surtout à l’absence de paroles et d’activités humaines. Le silence dans la prière demande un lieu où souffle l’Esprit. Le silence devant Dieu dans l’adoration est un but à atteindre.
- A priori, tout de suite, le silence évoque pour moi le départ des petits-enfants après les vacances, l'absence de cris, de joies, de bousculades, de gaîté mais le silence ce sera aussi les retrouvailles dans l'intimité avec mon mari, avec des amis aussi...Le silence c'est déjà, le soir, quand tout le monde, ou presque, est couché, le moment de calme avec un livre. C'est aussi le moment de prière au cours de laquelle je confie à Dieu mes préoccupations, mes joies et mes peines. À d'autres moments, le silence, c'est le bruissement des feuilles dans la forêt que l'on entend dans la méditation profonde au cœur de la nature, laquelle nous conduit au mystère Divin!
- On parle souvent du silence comme d’un bienfait, un climat qui nous fait retrouver le calme en nous-mêmes et dans nos relations avec les autres. Mais il y a aussi le silence qui cache, qui tait des choses qui devraient être mises au grand jour pour faire la vérité. Ce silence-là peut aller jusqu’à accuser des personnes faussement. Ce silence-là, je le redoute mais malheureusement je l’ai déjà croisé sur mon chemin. Comme l’eau qui peut donner la vie ou provoquer la mort, le silence peut nous aider à vivre et à être en paix avec nous-mêmes mais il est des silences qui sont porteurs de mort, qui sont destructeurs : une parole de vérité devrait être dite et elle est tue… alors ce silence tue !
- Le silence est fondamental dans ma vie. J'en ai besoin autant que de pain et d'eau. Pour réfléchir, méditer, lire, j'ai besoin de solitude et de silence. Mais ce n'est pas constant : j'ai parfois besoin de mouvement, de légers bruits, signes de vie autour de moi, car le silence total est assourdissant .J'aime la phrase de Blaise Pascal : «le silence de ces espaces infinis m'effraie». Le grand silence m'angoisse car il semble s'unir à la mort. Le silence d'une marche dans la nuit en pleine campagne me fait peur, peut-être parce que je crains quelque présence malfaisante. Le silence d'une nuit étoilée en montagne me semble plus apaisant : même s'il me révèle ma fragilité humaine, ma petitesse devant la beauté du monde, il est signe de grandeur et m'invite à me dépasser. J'aime le silence de la nature avec les murmures du vent ou le chant uniforme de la mer qui vient s'éteindre sur la plage. J'aime le silence des nuits d'hiver quand la neige tombe sur la ville endormie. J'aime faire silence en moi pour être à l'écoute de moi-même. Pourtant je me sens incapable de vivre comme tous ces hommes et femmes qui ont choisi la vie monastique. Je les comprends et les admire, comme j'admire les marcheurs dans le désert. Leur choix est l'amour du silence qui conduit à soi-même, donc à l'autre. Pour ma part, j'utilise le silence pour répondre à une parole blessante et calmer ma colère, pour m'éloigner des autres quand ils me pèsent. Ce silence est plus un moyen qu'une fin. Je crois avoir besoin du silence pour nourrir mon âme.
- C'est quand on ferme les yeux et qu’on écoute avec son cœur que le silence se fait entendre. Il faut une grande paix en soi pour pouvoir vivre des moments de silence (il est assez difficile de ne pas parler du jeûne, pour atteindre cette paix mais......pour des non formés ce point est dangereux...et pourtant, pour moi, il a été le moment-clef).
Petite observation personnelle : je remarque que souvent les personnes qui font le plus de bruit à l'église ou pendant les moments d'adoration, sont les personnes qui sont mal dans leur peau, dans leur vie. Même chose en réunion. J'appelle cela parler pour ne pas entendre. Ne pas entendre pour ne pas laisser entrer..... et s'installer dans un moment de silence et d'écoute. En tout cas, le silence, ce n'est pas facile au départ...... - En retraite spirituelle : faire silence… pour écouter. Faire d’abord silence de mes paroles et accueillir le silence des autres, et aussi faire silence de mes actes : dans le silence des paroles, je me sens invitée à faire attention à mes gestes, ne pas me précipiter, prendre le temps m’aide à prendre soin de ce silence qui s’établit entre nous, à en prendre soin comme d’un trésor.
Dans la nature, être à l’écoute des petits bruits imperceptibles dans la vie courante : le vent dans les arbres, même la brise légère se fait entendre. Ecouter le chant des oiseaux, leurs différences… et cela me renvoie à nous, humains, riches de nos différences.
Entrer dans le silence, c’est me rendre attentive à ce qui se passe en moi : qu’est-ce qui me pacifie ?qu’est-ce qui me rend heureuse ? qu’est-ce qui m’attriste ? c’est faire plus de place à la Parole de Dieu et la goûter particulièrement. C’est parfois faire l’expérience qu’elle monte d’elle-même en moi, comme si elle était là au profond de moi-même et ne demandait qu’à surgir, dans le silence.
Habiter le silence, c’est me rendre attentive à l’autre, à côté de moi, à table par exemple : de quoi a-t-il besoin ? c’est me rendre attentive à celui ou celle que je croise en marchant, prier pour lui, pour elle, esquisser un sourire de communion.
Le silence, quand je l’accueille, ne me coupe ni de Dieu ni de mes frères mais, au contraire, il me permet de les rejoindre, d’être en communion avec eux - de manière inhabituelle parce que plus sensible : tous mes sens sont en éveil, toucher, odorat, audition, goût, vue… Dieu me parle par tous mes sens mais il faut d’abord que j’accède au calme en moi et, si possible, autour de moi, pour me rendre disponible à Sa Parole.
N’est-ce pas l’expérience qu’a fait Elie au Mont Horeb ? (cf. 1R19, 9-14). Dieu n’était pas dans l’ouragan ni le tremblement de terre mais dans le bruit d’une brise légère, le murmure, disent certaines traductions.
Propos recueillis par Soeur Claire-Marie