Avec le CCFD-Terre Solidaire, nous avons été plongées pendant une quinzaine de jours (du 1er au 17 août) au cœur de la vie des migrants birmans en Thaïlande.
Après quelques jours d’acculturation dans un ashram bouddhiste, notre groupe issu de 11 diocèses du Nord-est de la France s’est divisé en deux pour aller à la rencontre d’associations partenaires du CCFD au nord et au sud de la Thaïlande. J’appartenais au groupe « nord » qui a été accueilli à Chang Mai et Mae Sot à la frontière birmane.
Les migrants birmans sont entre 2 et 4 millions dans le pays mais comme beaucoup sont sans-papiers, le chiffre n’est pas réellement connu. Ils arrivent en Thaïlande, chassés par les conflits entre le gouvernement birman et les différentes ethnies (kachin, shan, karen…) auxquels s’ajoutent des raisons économiques.
Arrivés sans le sou et même couverts de dettes pour payer les passeurs, ils sont la proie d’employeurs souvent liés aux autorités locales qui les exploitent au-delà de l’imaginable. Ils travaillent dans le bâtiment, l’agriculture ou des ateliers de confection mais aussi dans des pêcheries ou des plantations d’hévéa au sud pour des salaires de misère. Si la rénumération journalière minimum est fixée par l’état thaï, elle n’est jamais respectée pour eux. Elle peut être jusqu’à 2,5 fois inférieure pour un temps de travail allant jusqu’à 15 heures par jour. Sans compter les diverses taxes qui leur sont imposées. Mais ils n’ont pas le choix et acceptent tout avec dignité pour faire vivre leur famille.
Cependant nous avons aussi vu des « rayons de lumière » ; Des associations locales, constituées de Birmans éduqués, luttent pour promouvoir la santé, les droits du travail ou s’engagent contre la traite des êtres humains. Quel travail magnifique fourni par de jeunes hommes et femmes. Ils accueillent dans leurs locaux pour des conseils juridiques ou médicaux, vont à la rencontre des différentes communautés sur leurs lieux de travail, informent et éduquent par le biais de radios locales qu’ils ont créées.
Un de leurs buts est aussi d’approfondir la formation de jeunes Birmans vivant en Birmanie et militant déjà dans des associations qui viennent en aide à la population. Ils viennent en stage durant 6 mois avant de rentrer au pays et permettre ainsi à la société civile de se renforcer. Ils savent qu’ils prennent des risques, d’ailleurs leurs familles ignorent ce qu’ils font, mais ils sont animés d’une telle volonté de servir leur communauté que rien ne les arrête.
J’ai été témoin de très nombreux récits bouleversants et je me suis engagée à restituer tout cela. Notre groupe s’est retrouvé récemment pour faire le point, partager les photos et bâtir des animations cohérentes et porteuses de sens. Nous irons partout où vous ferez appel à nous lors de soirées de restitution et nous vous dirons notre fierté de vivre cet engagement pour une terre solidaire avec le CCFD.
Marie Andrée Dehay